
Pétrole (Oil) Rebond après un Plus Bas de 4 ans : Faut-il acheter ou rester Prudent ?
Les prix du pétrole ont connu un sursaut ce mardi, enregistrant leur plus forte hausse en plusieurs semaines. Un rebond qui intervient après une chute à des niveaux historiquement bas — les plus faibles depuis février 2021 — provoquée par des tensions géopolitiques, des perspectives économiques assombries et une surproduction mondiale. Alors, ce regain de vigueur marque-t-il un retournement de tendance durable ou une simple pause technique ? Décryptage.
Le pétrole rebondit mais reste sous pression
Mardi, les marchés pétroliers ont réagi favorablement à une vague d’achats à bon compte. Le baril de Brent pour livraison en juillet a progressé de 2,4 % à 61,67 $, tandis que le WTI a gagné 2,6 % à 58,59 $. Ce rebond intervient après un effondrement des prix, plombés par les inquiétudes liées au ralentissement de la demande mondiale et à l’excès d’offre orchestré par l’OPEC+.
Mais malgré ce sursaut, les cours restent proches de leurs plus bas niveaux en quatre ans, soulignant la nervosité persistante des marchés.
Tensions géopolitiques : Trump relance la pression sur l’Iran
Un élément déclencheur du rebond : la déclaration du président américain Donald Trump, affirmant que tout pays achetant du pétrole ou des produits pétrochimiques à l’Iran serait soumis à des sanctions secondaires. Une posture qui resserre l’offre théorique sur les marchés et ravive le spectre d’une escalade au Moyen-Orient.
OPEC+ : une stratégie qui sème le doute
Paradoxalement, alors que les prix s’effondrent, l’OPEC+ — l’alliance entre l’OPEP et ses partenaires — a annoncé une nouvelle augmentation de production pour un second mois consécutif. L’Arabie Saoudite, chef de file du cartel, semble vouloir rompre avec deux ans de réduction des quotas. Objectif : regagner des parts de marché, quitte à sacrifier la stabilité des prix.
Cette stratégie agressive accroît l’instabilité du marché et complique les prévisions à court terme.
Guerre commerciale : un frein sur la demande mondiale
Le conflit commercial entre les États-Unis et la Chine reste un facteur de pression majeur. L’absence de progrès concrets dans les négociations et la publication de statistiques économiques décevantes des deux côtés du Pacifique entretiennent les craintes d’un ralentissement global.
Les récents PMI chinois montrent une activité dans les services et l’industrie en retrait, tandis que les chiffres du PIB américain révèlent une contraction inattendue. Ces données confirment une baisse de la demande en énergie, un facteur clé pour l’évolution des cours pétroliers.
Les banques abaissent leurs prévisions pour 2025
Face à cette situation incertaine, plusieurs grandes banques ont revu à la baisse leurs prévisions annuelles :
- Barclays anticipe désormais un prix moyen du Brent à 70 $ en 2025, contre 74 $ précédemment, avec une estimation à 62 $ pour 2026.
- Goldman Sachs a abaissé ses projections de 2 à 3 dollars, tablant sur une nouvelle hausse de production de 400 000 barils/jour de la part de l’OPEC+ dès juillet.
Production américaine : le schiste en danger ?
Le producteur texan Diamondback Energy a lancé un signal d’alarme. Selon lui, la production de pétrole de schiste a atteint son pic et va commencer à décliner dès ce trimestre. En cause : la faiblesse des prix, qui rend l’extraction non rentable pour de nombreux producteurs.
La société a également réduit ses perspectives de production et d’investissement pour 2025, contredisant les appels de la Maison Blanche à augmenter l’offre énergétique domestique.
✅ Faut-il investir maintenant dans le pétrole ?
Avec un rebond de court terme mais des fondamentaux toujours fragiles, la prudence s’impose. Si vous êtes un investisseur long terme, ce niveau de prix peut représenter un point d’entrée intéressant sur certaines valeurs énergétiques solides, notamment des majors intégrées ou des ETF énergie. Toutefois, la volatilité restera élevée, et les prochaines décisions de l’OPEC+, ainsi que les chiffres macroéconomiques à venir, seront déterminants.
Ce qu’il faut surveiller dans les semaines à venir :
- Les annonces officielles de l’OPEC+ sur les quotas de juillet.
- Les données de croissance aux États-Unis et en Chine.
- L’évolution des stocks hebdomadaires américains.
- Toute escalade géopolitique (Iran, Russie, etc.)
🧠 Conclusion : une opportunité à gérer avec discipline
Le rebond des prix du pétrole peut sembler attrayant pour les investisseurs, mais il reste fragile. Le marché pétrolier est désormais tiraillé entre une offre incontrôlée, une demande incertaine et une géopolitique imprévisible. Investir aujourd’hui nécessite une stratégie claire, une vision long terme et une bonne tolérance au risque.
Lire aussi : Citi Anticipe une Correction Haussière Prochaine sur le Yen (USD/JPY)